Sujet : Faut-il défendre l'individu contre la société ?

 

Aperçu du corrigé : Faut-il défendre l'individu contre la société ?

Faut défendre individu

 

Le sujet fait intervenir deux notions, l'individu et la société, qu'il s'agit avant tout d'analyser.

L'individu désigne un être isolé, constituant une unité. L'individu ne peut pas être divisé sans être détruit.

On parle d'individu pour désigner l'être humain dans sa solitude mais également dans sa particularité vis-à-vis des autres membres de son espèce. L'individualité désigne un isolement, une distinction et une particularité.

Le terme de société désigne quant à lui une organisation d'êtres distincts, d'individus. Nous trouvons des sociétés animales et des sociétés humaines. Cependant, ces dernières se distinguent par leur propension à évoluer, à se perfectionner et à être régies par des institutions qui émanent de la volonté humaine et non d'une logique de l'instinct.

La société humaine semble avoir pour but de préserver l'individu, de le protéger des aléas matériels en créant un dispositif de lois qui assure son respect. Mais la société régule également l'activité humaine et s'organise en fonction du bien de la communauté, c'est-à-dire de la somme des individualités qui la composent. En cela, la sociabilité a pu paraître naturelle à l'homme pour Aristote qui voit en la société le moyen de réaliser le bonheur du genre humain et des individus qui le composent.

Cependant, voir dans la société une protection, voire un accomplissement possible de l'individu pose problème.

Premièrement, toute société crée pour se diriger un pouvoir institutionnel qui ne coïncide pas avec la volonté particulière des individus. La démocratie tente de résoudre ce dilemme en affirmant que la volonté générale qui s'exprime dans le pouvoir représentatif, coïncide avec les volontés particulières des individus.

Cependant, le pouvoir mis en place risque toujours de prendre la « pente à dégénérer » (Rousseau) et peut ne plus représenter  la volonté de chaque individu. L'individu est donc fortement mis en question dans l'organisation sociale, qui tend à substituer à la communauté comme rassemblement des individus une instance qui ne les représente pas en réalité.

De plus, si la société peut protéger les individus, elle est pourtant source de tension et de conflits, comme l'a montré Rousseau. En rendant possible à l'individu de se comparer à l'autre, en rendant possible entre les hommes un rapport d'intérêts, elle conduit à des tensions violentes, qui menacent l'individu.

Enfin, la société est fortement liée à la généralisation d'un mode de vie, qui devient habituel à ses membre. Car pour qu'une organisation sociale soit possible, il faut qu'elle soit sous-tendue par un fonctionnement cohérent, et donc que les individus agissent selon des modes réguliers et semblables. En cela, la société porte en elle la menace du conformisme puisqu'elle conduit l'individu à calquer inconsciemment son mode de vie et de pensée sur celui des autres membre de la société dans laquelle il évolue. Tocqueville a étudié ce  danger du conformisme, particulièrement présent dans le régime démocratique.

Dès lors, le rapport individu-société peut sembler paradoxal puisque d'un côté, la société protège l'individu, assure même son développement et son perfectionnement. Mais, dans le même temps, elle menace l'individu et l'expose aux dangers de la servitude, de la violence et du conformisme. La société remet même, au sein du conformisme, l'idée même d'individualité en question. De ce point de vue, nous devrions, en tant qu'individus, nous protéger et protéger autrui de la société.

Ce paradoxe, que Kant a nommé « l'asociale sociabilité de l'homme » semble néanmoins difficilement dépassable, sauf en nuançant la question posée. Il ne s'agit pas de protéger l'individu de la société, qui reste une donné essentielle dans son accomplissement. L'homme a en effet besoin de son semblable pour se perfectionner et l'individu au sens absolu, c'est-à-dire strictement seul et isolé, n'existe pas. Il s'agirait plutôt de protéger l'individu contre les dérives de la société. Cet esprit critique est essentiel au bon fonctionnement de toute société, et même de tout État institué. Il doit s'appliquer aussi bien, comme résistance, au sein de régimes totalitaires qu'au sein de la démocratie, qui peut toujours dégénérer en ce qu'elle n'a pas vocation à être. Il s'agit bien d'une obligation morale, qui oeuvre pour le bien d'autrui et qui tente de rendre la société moins contradictoire.

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