Methodologie de commentaire philosophique
Avant toute chose... Commencez par lire attentivement, et plusieurs fois, le texte : c’est essentiel ! Puis soulignez les mots qui vous paraissent importants. Repérez le thème, puis la thèse, puis les parties du texte, et enfin commencez à réfléchir à l'énoncé du problème (ce n'est pas évident, car le problème n'est presque jamais énoncé tel quel dans le texte)....
Vous pouvez ensuite noter au brouillon les différents enjeux, les aspects qui vont se prêter à une discussion, les références que vous souhaitez utiliser en fonction de vos connaissances.
1- L'introduction, en 3 paragraphes.
1° On commence par énoncer le thème du texte (de quoi il est question : un mot ou un groupe de mots), et par la même occasion on rappelle le nom de l’auteur, sans s'attarder sur sa vie, son œuvre ou sa doctrine. On peut en revanche, si on en est capable, situer le passage dans son contexte, c'est-à-dire l'œuvre dont il est extrait (facultatif). On énonce ensuite la thèse du texte (ce qu'en dit l'auteur : une proposition ou une phrase), que l'on aura découvert vraisemblablement au début ou tout à la fin du texte (mais pas toujours) : soit l'auteur l'énonce avant de la démontrer, soit il argumente d'abord et énonce la thèse en guise de conclusion. De toute façon, il s'agit de la phrase qui vous paraît la plus importante du texte ! Mais il peut aussi bien être nécessaire de regrouper deux phrases du texte pour obtenir la thèse, si elle est complexe...
2° On énonce ensuite le problème implicite dont il est question dans le texte, et auquel la thèse répond explicitement. Demandez-vous toujours : quel problème s'est posé l'auteur, quelle difficulté voulait-il résoudre, ou encore à quelle discussion voulait-il se mêler lorsqu'il écrivit ce texte ? Attention : il ne suffit pas, pour trouver le problème, d'énoncer la thèse sous une forme interrogative. Par exemple, si la thèse du texte est que "une révolte contre l'Etat est parfois justifiée", le problème n'est pas simplement : "peut-on justifier une révolte contre l'Etat?", mais quelque chose de plus complexe (après réflexion et recherche) comme : "est-il toujours contradictoire de se révolter contre l'Etat de Droit, au risque de causer sa ruine, ou bien au contraire certains événements (injustice, tyrannie, guerre) nous contraignent-il parfois à remettre en cause, provisoirement, l'autorité de l'Etat ?" Dans le développement, il faudra alors réfléchir en profondeur sur la nature de l'Etat et sur la définition de la Justice, puis déplier l'alternative contenue dans l'énoncé du problème, en l'occurrence confronter la thèse du texte avec la thèse opposée...
3° On énonce le plan du développement qui est aussi le plan du texte. On n'hésite pas à signaler les limites, dans le texte, de ces parties (de telle ligne à telle ligne, etc.). Il s’agit de repérer les principales phases de l’argumentation : elles correspondent parfois aux paragraphes du texte, lorsqu'il y en a, mais pas toujours. Ici deux problèmes classiques se posent. 1° Et si je ne parviens pas isoler des étapes distinctes, si le texte se présente sous une forme volontairement répétitive, et tout d'un bloc ? Réponse : même dans ce cas, il y a plusieurs idées distinctes dans le texte, à vous de les étudier l'une après l'autre, en recomposant un ordre qui vous paraîtra logique. D'ailleurs, si vous remarquez qu'une idée est exprimée deux fois dans un texte, vous les regroupez évidemment dans la même partie du devoir. Votre explication suivra la plupart du temps l'ordre linéaire du texte, mais vous pouvez très bien procéder autrement dès lors que vous expliquez tout le texte. Lorsque la thèse est exprimée en début de texte, il paraît d'ailleurs plus logique de réserver son explication détaillée pour la fin... 2° Combien de parties ? Les textes à étudier étant relativement cours, vous n'aurez pratiquement jamais d'explication au-delà de 2 ou 3 parties. Mêmes règles que pour la dissertation : dans le développement, une partie sera introduite par une courte question, à laquelle on n'oubliera pas de réponse (d'après le texte) en fin de partie.
2-Développement
Faire 2 ou 3 parties, comme on vient de le dire. Dans les parties, on veillera également à distinguer des paragraphes. Il y a deux manières de le faire. La première consiste à isoler linéairement les principaux arguments ou les principales notions qui composent une partie du texte, pour leur consacrer à chacun et successivement un paragraphe. C'est la méthode la plus simple et finalement la plus recommandable. Cependant les textes étant courts, les parties du textes étant déjà très réduites (parfois 2 ou 3 lignes !), il est parfois impossible de distinguer en leur sein différents arguments. La solution consiste alors, au niveau de chaque partie, à séparer deux des trois opérations fondamentales qui constituent la méthode même du commentaire de texte, de manière à former 2 paragraphes ou deux sous-parties au sein de chaque partie. En effet étudier un texte suppose trois types d'opération : citer, expliquer, discuter. Citer étant juste un procédé récurrent, cela ne peut constituer une étape en soi : on peut donc commencer par expliquer (tout en citant), et ensuite discuter...
1) CITER le texte : n'hésitez pas à reproduire des propositions entières avant de les expliquer.
2) EXPLIQUER, ce qui signifie : approfondir + clarifier - Trois niveaux d'explication, à nouveau, se présentent, qu'il faut parcourir quasi-simultanément :
1° Analyser les concepts qui sont utilisés par l'auteur, c'est-à-dire tous les mots ayant un intérêt ou un sens philosophique. Vous dites le sens qu'ils possèdent dans le texte, éventuellement vous comparez avec le sens courant s'il vous paraît différent. Il s'agit de savoir de quoi l'on parle, lorsqu'un auteur emploie, par exemple, le mot "désir".
2° Expliquer les arguments du texte, c'est-à-dire les propositions ou les phrases. C'est le coeur de l'explication : il ne faut pas se contenter de citer le texte, il faut développer ce qu'affirme l'auteur, en vous basant bien entendu sur vos connaissances (cours, textes lus, etc.) et pas seulement sur votre compréhension immédiate du texte. Le piège de toute explication, à ce niveau, est le contre-sens (contradiction avec le texte), ou le faux-sens (inexactitude). Si votre erreur porte sur la nature même du problème, c'est un "hors-sujet" !
3° Dégagez et expliquer la structure (le plan, les articulations) du texte, comprendre et rendre compte de sa construction. Les arguments s'enchaînent sous la forme d'un raisonnement : ayez toujours soin de rappeler cette "logique" du texte, car elle débouche sur l'énoncé de la thèse. Cet aspect du travail se matérialise notamment dans les transitions entre les parties de votre devoir.
2) DISCUTER enfin les arguments et la thèse du texte. En effet, il ne suffit pas d'expliquer de façon objective et neutre. Comme tout problème philosophique, celui du texte se prête à discussion. D'ailleurs un texte philosophique a pour vocation de défendre une thèse... contre d'éventuelles critiques, et il le fait en critiquant implicitement d'autres thèses. En soulevant le problème, vous ne pouvez pas faire autrement que de rendre compte également des différents points de vue qu'il suscite. Après avoir expliqué un aspect du texte, vous pouvez donc, et même vous devez chercher les points sur lesquels on peut discuter. Cela ne sera possible que si une alternative à la thèse, ou à tel argument secondaire, est présente à votre esprit (cf. le cours). Pour vous le but n'est pas de "critiquer" l'auteur, et encore moins de lancer : "personnellement je ne suis pas d'accord avec l'auteur" ; ce que vous devez faire, c'est rendre compte des arguments opposés, soit pour les réfuter au bénéfice de la thèse du texte, soit pour relativiser celle-ci. Restez mesuré en toutes circonstances ! -- Important : "discuter" pourra vous sembler parfois une tâche hors de portée, soit parce que votre culture philosophique ne vous le permet pas encore, soit parce que la thèse du texte vous semble tellement évidente... ! Vous ne connaissez pas d'objections philosophiques, vous êtes juste capable de comprendre et d'expliquer... Dans ce cas il reste une solution : c'est l'usage des exemples, puisés dans la réalité, ou bien encore les références culturelles ou littéraires, qui ont pour effet d'appuyer la véracité des arguments ou de la thèse de l'auteur. Vous contribuer ainsi à la discussion, même si ce n'est que de manière unilatérale (prenant parti d'un seul côté).
3-La conclusion
- rappelez le problème soulevé par le texte ainsi que la thèse de l’auteur
- résumez en deux ou trois phrases l’essentiel de votre commentaire concernant l’intérêt du texte, les points discutés
- il est possible de s'arrêter là, sinon vous reprenez un aspect assez précis du problème en montrant que, malgré le texte et malgré votre explication, certains points restent encore à discuter
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